AUDREN de KERDREL (Dom Maur), savant bénédictin français, né à Landunvez en 1651, mort à Marmoutiers le 7 Avril 1725. Issu dune famille du pays de Léon, qui compte encore des représentants, il entra de bonne heure dans les ordres et fut nommé prieur de Landévennec. Quimper, dont relevait cette abbaye, avait alors pour évêque Messire François de Coëtlogon, esprit distingué, habile à discerner le mérite, qui, rêvant de doter son pays d'une histoire sérieuse et conçue d'après les règles de la critique, chargea Dom Maur de ce travail important (1685). Don Maur accueillit ce projet avec joie, mais perdu au fond de la Basse-Bretagne, ne pouvant communiquer avec Paris ni même avec les principales villes de province, il dut remettre à plus tard l'éxécution de son projet. Nommé en 1687 prieur régulier de Saint-Sauveur de Redon, il y trouva les conditions voulues pour tenter l'entreprise. Aussi y songe-t-il sérieusement dès 1688 (V. Lettres à M. de Gaignières, II et IV, Correspondance historique des bénédictins bretons). L'année suivante, les Etats de Bretagne ayant voté une somme de 300 livres pour couvrir les premiers frais de l'ouvrage, sa détermination devint définitive, et il s'adjoignit pour collaborateurs Dom Antoine Le Gallois, Dom Mathurin Veissière de la Croze, Dom Denys Briant et Dom Joseph Rougier. Nommons encore parmi ses correspondants Roger de Gaignières, érudit de premier ordre, le père Alain Le Large, de Saint-Malo, le Marquis du Refuge, auteur d'un Armorial de l'évêché de Saint-Pol de Léon, et le marquis de Carcado, auteur d'un Nobiliaire Breton. Les fouilles, les transcriptions, la coordination première des matériaux, n'éxigèrent pas moins de huit années (1689-1697). Vers la fin de 1693, Dom Veissière fut remplacé par Dom Lobineau. On sait l'excellente direction que donna Dom Audren à l'Histoire de Bretagne. Ce qu'on sait moins, c'est qu'il conçut le premier l'idée d'un des grans monuments de l'érudition moderne, le recueil des historiens des Gaules et de la France. L'Histoire de Bretagne parut en 1707. Dans l'intervalle, Dom Audren avait été nommé abbé de Saint- Vincent du Mans (1693). C'est de cette abbaye qu'il fit partir les émissaires chargés de fouiller pour lui les riches archives des Eglises d'Anjou, de Touraine, du Maine, du Perche, du Poitou, et celles, encore inexplorées, de Dol et du Mont Saint-Michel. Il passa ensuite à lAbbaye de Marmoutiers près de Tours, et y mourut à l'âge de soixante-quinze ans. Sa modestie égalait son mérite. On sait, en effet qu'il refusa un des premiers postes de la Congrégation de Saint-Maur. Une partie de sa correspondance a été publiée par La Borderie.
Charles le Goffic
Charles le Goffic